Guide: René POHL
Ma première transhumance
Par une belle journée ensoleillée, je rejoignis le troupeau de brebis devant la cave coopérative de Notre-Dame de Londres. C’est à ce moment là, lorsque les masques tombèrent, que je ne me sentis plus étranger.
Le berger donna le top-départ, étant l’un des rares à savoir où nous allions, tels des moutons, nous nous mirent en file indienne derrière lui. Quelle confiance pensais-je! Très vite des petits groupes se formèrent, et tout ce petit monde bêlait à qui mieux mieux. Là on parlait de la future toison, ici on admirait, tel un mirage, un bonhomme de neige. Je pensais « Dans quelle galère tu t’es encore mis ». Je suivais le rythme admirant au passage le réveil de la végétation…On montait, on descendait, on remontait, on redescendait, cela n’en finissait pas.
Puis arriva le moment le plus délicat, nous devions traverser un gué « dangereux”, c’est là que je vis le plus ancien d’entre nous, tel un cabri, sauter de rocher en rocher à côté du passage. Tout le monde traversa sans encombre, dommage, j’attendais le « plouf » mais il ne vint pas ! Plus loin, nous avons fait un petit crochet juste pour voir la fameuse source, celle que nous cherchions depuis le matin, enfin, certains savaient bien où elle se trouvait …Magnifique endroit où l’eau sort des rochers; tiens parlons-en des rochers, notamment ceux qui nous barraient la route pour sortir de cette souricière. Un par un, ou une par une, les brebis devaient s’extraire de ce traquenard. Mais pas une seule ne resta coincée !
Nous traversâmes une forêt de pierres grises, c’était lunaire. Nous visitâmes des tombeaux aussi ruinés que l’état dans lequel j’allais finir cette journée. Mais la visite d’un magnifique dolmen me redonna courage, « je n’allais pas finir ici ».
Désignant une barre de roches blanches, le berger nous montra la route… Je me disais « jamais je n’arriverai là-bas », ils vont être obligés de me porter…Enfin, de montées en descentes nous finirent par faire la pause casse-croûte. Chacun trouva sa pierre, un peu dure à mon goût. Quel émerveillement de voir tout ce monde partager sa pitance, j’avais honte. Je n’avais pris qu’un vulgaire bout de pain avec un morceau de saucisse, les habitudes de mes journées de pêche en montagne…Ce moment, si particulier, fut pour moi un vrai bonheur, merci à toutes ces petites mains pour leur préparation.
Après le café et le pousse café nous voilà repartis…Et ça recommence, on monte, on descend… je digère.
Marchant à côté du troupeau je crus reconnaître le chien du berger, je le surveillais d’un oeil discret. Je sais par expérience que ce genre d’animal a pour tendance de venir mordre les mollets… Mais en bêlant avec lui, je compris qu’il n’était pas celui que je croyais. Ce n’était qu’un mouton noir, même pas vilain !
Enfin nous apercevons le clocher et tel un animal qui sait que là l’attend son foin nous accélérons le pas. Mais non, ce n’est qu’un mirage du 12ème siècle, classé de surcroit avec son lot de pierres tombales. « Je ne vais pas rester là ! »
Encore une montée, la plus dure, même les danseuses trainent la patte. Et enfin la délivrance, j’aperçois le charmant, le magnifique, le féérique village de Notre-Dame de Londres.
Encore un pont à traverser, et c’est là que je compris qui était le gentil chien du berger.
Avec toute ma sympathie.
André
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Vidéo 1: Mireille QUINTANE
Album : Jean-Jacques KELNER (JJK)
Vidéo 2: René POHL
3 réflexions au sujet de « Dimanche 21 mars 2021: La source du Lamalou »
J’espère que le chien de berger pourra suivre très longtemps ses brebis. Par monts et par vaux, il court, halète, furète dans les buissons, non pas pour nous ramener du gibier mais pour nous ramener de magnifiques photos. J’espère aussi qu’André se dévouera très souvent pour nous faire des résumés pleins d’humour, drôles et très plaisants à lire.
Francette
A lire les commentaires et à voir les photos ce fut là une belle randonnée.
A priori par des chemins très peu connus, ou seulement par quelques initiés. La reco a dû être « intéressante ».
Notre planning ne nous a pas permis d’y participer mais ce n’est que partie remise !
J’ai bien apprécié la première transhumance d’André, et j’ai le sentiment qu’il sera bien sollicité pour raconter les prochaines randos.
A bientôt
Jean-Paul
Bonjour
Quel plaisir de vous lire André ! Ce compte rendu est plein d humour et de petits détails amusants, on a l impression d être da s une vraie histoire. Cela donne vraiment envie de participer, de suivre le berger et son troupeau !! Dommage pour l instant je ne peux pas …..
Genevieve montouillout